[ Le réveil du Juge des Enfers ]

Les enfers étaient désormais dans une stase temporelle, ce depuis l’affrontement entre les Dieux. Les spectres étaient tombés les un après les autres, laissant les âmes et leurs hurlements de souffrances résonner en un écho.
Désormais, dans le monde des ténèbres, les berges du fleuve Achéron étaient en proie aux nouvelles âmes qui ne pouvaient désormais plus le traverser depuis la mort de Charon… Quand allait-il donc revenir à la vue ? Quand donc son surplis serait-il revêtu de nouveau afin de libérer l’entrée des enfers de cet afflux toujours plus nombreux d’âmes ?
Dans la première prison, plus aucun bruit ne résonne, cela aurait probablement plu à Rune, lui qui, désormais n’est plus la pour remplacer le juge du Griffon, lui-même tombé aux portes de l’Elysion. Et toujours cet écho des âmes remplaçant en enfer le chant des oiseaux en foret sur terre.
Dans la seconde prison, plus aucune fleur ne pousse, les âmes sont en attente d’être dévorée par un cerbère lui aussi tombé dans cette guerre des Dieux… Dans les champs de fleurs, plus d’Eurydice ou d’Orphée, juste les traces de l’endroit où est tombé Pharaon. Ce champs de couleur d’autrefois qui, désormais, reflète toute l’horreur du monde des ténèbres.
La troisième prison et ses bruits de rocher de mille et une douleurs, Rock qui n’est désormais plus là pour la garder. Cela ne semble avoir affecté les âmes en proie au martyr et à l’éternelle souffrance.
La quatrième prison et son infini bruit touchant l’ouïe : l’eau obscure, noire tel ce monde de désespoir. Ici aussi, le silence d’un temps de repos d’en haut est remplacé par l’éternité des voix d’âmes errantes, souffrances, n’ayant plus rien de comparables avec les humains qu’elles étaient autrefois, leur aspect est repoussant et plus digne d’un monstre en proie à la torture.
La cinquième prison, et non des moindre, elle non plus n’avait plus aucune nouvelle âme à martyriser, devant se contenter de celle qu’elle a déjà. Les enfermer dans d’immondes tombeaux putrides afin de rendre leur souffrance plus dense, leur désespoir plus grand pour l’éternité. C’est dans ce lieu, en ces alentours, endroit de martyr, de victime, de douleur, souffrance, perversion, souffrance, amertume et surtout, de désespoir, d’abattement, sur une croix marquée à même la terre que tout commença, de nouveau, dans la route de l’éternité.

Une sensation tout d’abord, presque qu’imperceptible, mais qui aurait pu être la pour la ressentir de toute manière ? Un sentiment touchant les cœurs, un frisson pour le toucher, une amertume pour le goût, dans cet endroit aux odeurs putrides. Pour l’ouïe, l’interminable requiem des âmes ; pour la vue, un spectacle commence, un tableau orphelin, ne s’offrant pour nul être capable de le comprendre.
Une parcelle de terre remuée, marquée par la guerre ravageuse, une ombre y grandissant peu à peu… Les ténèbres prenant forme, contour humain… Il faudra à peine plus de 5min, bien que le temps ne se compte plus en ce lieu, pour que la chair renaisse de ces cendres : « Chaque résurrection me rend plus fort » avait-il dit… Il ? Oui, cet homme dont l’âme à pu regagner le corps reconstitué par on ne sait quel acte désobéissant à la nature. Un corps qui non meurtri, ne gardant aucune séquelle du passé, uniquement refoulé dans l’âme. Un homme gît désormais à terre, sa chevelure bleutée masquant un visage fin aux traits durs et à la couleur claire. Ainsi, le juge ressuscité restera quelques heures inerte, sans mouvement…
Les cris de douleurs auront sans doute éveillé son âme, car, à un moment, le voici qui se met à bouger, fermant le poing en premier, laissant à ses souvenirs le temps de reprendre place… Oui, il était un Juge des Enfers, cette guerre, ce chevalier d’Athéna ! Tout lui revint d’un coup, ce qui traduit se poing serré, même si son corps est couché.
Tout à coup, le mekkai se fit toucher par un sentiment dont on aurait presque oublié l’existence, hormis les traces d’un passé oublié de tout : un cosmos résonna. Oui, aura provenant de cet homme tombé dans la 5e prison, un cosmos aussi noir que sa rage, puissant car il est un des trois puissants juges des enfers. Oui, la cosmo énergie d’Eaque du Garuda de l’étoile céleste de la supériorité rugit dans le monde des ténèbres, bien qu’elle le fasse probablement en vint, car, personne il était le premier, ne semblait être revenu de cette guerre des Dieux.

Les Ombres furibondes des âmes décharnées et abattues airaient sans plus de but entre les Prisons. Les Spectres étaient tombés et plus rien ne gardait les enclôt des Maudits. La poussière et les souffles venteux rendaient l’atmosphère méphitique et pestilentielle, tant que n’importe quel être vivant en serait pris de nausée sans fin. Mais alors…

Un bruissement, un murmure… Le silence, troublé par cette ineffable mélopée, se tue pour laisser place au chant doucereux des étoffes froissées approchantes. Les pas d’escarpins corroborèrent le cheminement féminin non seulement d’une âme mais aussi d’un corps. L’aura divine envahit les Enfers et chaque Prisons, peignant le plus souffrant des tableaux, se voyaient accueillir celle qui avait toujours suivit le Maître des lieux sans pour autant élevée sa voix. Le sol, caressé par la soie d’ébène de la robe de la Reine, sembla frémir de ce contact tandis qu’accompagnant le friselis du tissu divin, une voix, suave et liquoreuse vint bruir aux oreilles encore étourdit du Juge des Enfers.

Eaque… De l’étoile céleste de la supériorité…

Un battement d’aile… Un silence, un souffle… Puis elle repris alors que les étoffes se remirent à chanter, ainsi elle venait de s’agenouiller près de lui. Tendant sa main légère et satinée, elle caressa la joue du Juge d’un revers.

Il est temps de t’éveiller. L’heure de notre vengeance vient de tinter son clairon et tu dois te lever pour servir notre Seigneur…

Quel geste doux venait d’effleurer la peau grisée du jeune homme … Perséphone semblait être aussi douce que cruelle. Un seul but dansait dans les flammes noirâtres de ses prunelles enchanteresses et le dessein que ses doigts de fée traçaient à cet instant n’était pas celui de l’Amour… La Dame aux boucles de soie attendait donc l’éveille de son premier Juge sans plus qu’un mot ne s’extirpe d’entre ses lèvres galbées et roses, les voiles de sa longue robe jouant dans ce vent qui, près d’elle portait dorénavant la plus délicate et exquise des fragrances.

Cet endroit au silence perturbé de souffrance, résonnant comme un écho auquel nulle attention n’était prêtée venait de se voir gratifié de la présence de sa Reine. Elle avait ressenti le cosmos du premier Juge revenu à la vie, elle avait, de sa démarche fine et délicate, rejoint la cinquième prison, suivant l’aura pour l’accueillir… Accueillir vraiment ? Les actes de la Reine des Ténèbres étaient plus profonds que leur apparence.
Son corps jonchait le sol, à ce même endroit où il avait tracé une croix dans la terre à l’intention de Phénix. A la voix de la Reine des Ténèbres, il réagit, bougeant légèrement le bras à ses noms et titres. A l’ordre qu’elle lui donna doucement ensuite, son sang ne fit qu’un tour : ses coudes se soulevèrent du sol, ses mains vinrent en appuis, il était temps pour le Juge porteur du surplis de l’étoile Céleste de la Supériorité de se relever !
Ses mains à plat lui servirent d’appui et tandis que son buste musclé se relevait, ses genoux vinrent se rapprocher se son corps dont le haut ne touchait déjà plus terre. Son visage est à moitié visible tant sa chevelure foncée, longue et dense était décoiffée.
Il était de profil par rapport à la Déesse Perséphone et n’avait déjà plus qu’un genou au sol, qu’une main sur la terre des alentours de la 5e prison. Aucun mot, à ce moment, ne pourrait justifier le sentiment qui se dégageait de sa personne.
Eaque savait ce qui se passait, réalisait sa situation et ce qui l’attendrait dans un futur proche ou lointain. Debout aux côtés de la Reine, il y restera un moment, oui, il ne lui fera face que lorsqu’il sera prêt… Pour commencer, il se relève et d’une main ferme et sure remet un peu d’ordre dans sa chevelure d’un coup bref. Il reprenait peu à peu le charisme qu’on lui connaissait : debout et fier, le regard ferme et glacial, son visage sans expression. Il ne manquait plus que la touche finale. Afin de pouvoir reprendre le dernier appui de son autorité : son Surplis. Ainsi c’est à ce moment, qu’à nouveau, il déploie son cosmos, plus puissant et haineux encore que la première fois même si il n’était à son paroxysme, dans les enfers tout entière qui se mirent à résonner en parallèle de cette puissance soudain dégagée, bien qu’elle n’ait rien de comparable avec celle déployée par la Reine Perséphone.
C’est alors qu’il apparut, dans un halo de lumière rougeâtre, revenu à son tour à la vie pour son porteur, pour les enfers, pour Hadès : le Surplis de l’étoile céleste de la Supériorité dans toute sa splendeur, brandissant fièrement son aura infernale à travers le Mekkai. Le Garuda venait de renaître de ses cendres, plus fort et fier encore. Eaque se mit alors dos à la Reine, n’osant lever son minois face à elle dans cet état encore affaiblit, ce qui lui permis de se retrouver face à son surplis. Fermant les yeux, baissant la tête, il fit éclater celui-ci afin que chacun de ces morceaux, dans un ordre et une élégance unique viennent couvrir le corps de son porteur. Les pieds tout d’abord à la forme acérée tel le garuda ; les jambière aux bords aigus presque tranchant à l’extérieur ; le plastron ensuite, gracieux, délicat et puissant ; les épaulettes larges et prestigieuse pour terminer par le casque long et élancé, touche finale d’une prestigieuse d’une armure unique d’un Juge infernal.
Cette fois ça y était, le Garuda avait retrouvé sa classe et son prestige, il pouvait alors se tourner devant la déesse, ce qu’il fit. Une fois devant celle-ci, son visage repris sa sévérité ultime, son regard grisé fixa la Majestueuse Perséphone et, dedans, on pouvait y lire toute sa détermination et son sentiment. C’était un hasard qui avait voulu qu’à ce moment une légère brise vienne soulever ses cheveux masquant son regard la plupart du temps lorsqu’il portait son casque…
Tel qu’il le devait par respect alors, il enleva se casque, venant à l’amener contre son côté toi, libérant alors son visage entièrement à la vue. Il s’inclina alors, sachant que la mise à genou était du rang des spectres, lui, était un juge et avait le droit, il le savait, de rester debout devant la Reine. D’une voix calme mais profonde sur ses pensées il prit alors la parole :

« Moi, Eaque de l’étoile céleste de la supériorité suit revenu à la vie, en hommage à notre Seigneur et surtout pour le servir à nouveau… Pour le venger de l’affront que nous avons subit. Ma Reine, me voici à votre service depuis et pour l’éternité au nom de notre Seigneur. »

Il put alors se relever, droit et digne, l’arrogance de son expression se confirmant de minute en minute en même temps que son énergie. Il savait au fond de lui qu’il lui faudrait au moins une journée afin de retrouver l’entière puissance qui était sienne. Mais celui lui importait peu, il servait, dès maintenant, son Seigneur par l’intermédiaire de la Reine… Lui, le premier des enfers à être revenu, lui, le premier des juges debout. Mais, pourquoi ce garuda ?

Les Enfers… Antre du recueillement pour les âmes perdues… La Dame gardait son regard posé sur le Juge qui gisait à terre. Puis enfin vint l’éveil et l’effort. Doucement, Eaque se relevait. Après toutes ces années il n’avait pas changé… Ou si peu. Fougueux, arrogant… Son orgueil n’avait d’égal que sa fidélité envers les Ténèbres et Perséphone le savait. Y existait-il un ordre que le Garuda n’oserait exécuter ? Aucun. Même la mort ne l’effrayait pas et pour cause… Il la côtoyait chaque jour, chaque seconde… Chaque instant.

La Reine s’était relevée et ses prunelles avaient observées le Juge tout en l’écoutant répéter son serment avec honneur et grandeur puis les lèvres de la Dame s’étaient ourlées en un sourire satisfait et presque hautain. Tournant les talons, quelques mèches de sa longue chevelure vinrent caresser son minois délicat alors qu’en quelques pas, elle s’éloignait du Garuda, l’encourageant à la suivre en laissant de ses lèvres s’échapper quelques mots.

Rendons-nous à Giudecca. Rhadamanthe et les autres s’éveillent et il est temps pour nous de remettre les Enfers en ordre. N’est-il pas ? Il sera bientôt temps de reprendre les places qu’étaient les votre, ainsi que l’honneur de ton Roi.

De miel était sa voix. Toujours ainsi elle avait été mais jamais elle ne s’était faite entendre. Continuellement en retrait, perpétuellement ailleurs elle semblait… Mais ici… L’Elégance avait trouvé son Maître. La démarche semi féline et pourtant chaste traduisait l’élévation de la Dame du Brasier au rang qu’elle se devait de tenir en ce jour, même si jamais elle ne l’avait souhaité.

Les fils d’ébène s’arrangeaient en son dos en une danse curieuse alors que sous sa bulle cosmique le feu devenait cendre et le vent déchirant une douce brise. Vers Giudecca ses pas la menaient et sans se retourner elle avançait, ferme et déterminée, comme la Souveraine que le destin, sur le trône, avait poussé.

Le fier Garuda était donc enfin debout, son casque porté dignement sous son bras. Il ne savait pourquoi il était le premier à s’être réveillé, il l’ignorait mais en était fier, les enfers devait le reconnaître à son juste titre : Juge des enfers. La Reine avait raison, Eaque était un fier soldat, serviteur des enfers jusqu’à la mort, nul ordre jamais il ne refuserait. Son charisme égalait sa grandeur, sa fierté et même sa beauté, froide et distante.

Vint ensuite à la Dame d’agir de toute sa prestance. Elle sourit, acte que le Garuda releva comme un honneur à son Seigneur : la Reine Perséphone, en personne, était venu l’accueillir, n’y a-t-il de plus belle preuve de la confiance du Dieu Hadès envers son juge ? Il remarqua alors la beauté, la grâce et la féminité qui se dégageait de la Reine des enfers, il n’en fut que plus fier de servir son Seigneur, Hadès savait choisir ces gens. La fierté se lit sur le visage du Garuda, en réponse à la grâce déployée par Perspéhone.

Elle prit ensuite la parole… A lui de répondre alors, son bras libre plié à 90degré contre son armure, il inclina alors la tête

« Je ferai la tâche qui m’incombe et pour laquelle je porte tant de considération, étant le premier éveillé. Je suis vôtre altesse à Giudecca pour la toute puissance de notre Seigneur et Maître. »

Sa réponse était celle d’un soldat discipliné et fier. Le ton de la voix de la Reine ne l’avait trop interpellé, mais ces mots d’encouragement l’avait renforcé à l’extrême. Aussi, sans plus prêter attention à la grâce de la Dame, noble et fier dans chacun de ses pas, le juge se mit en route.