¤~[L'Eveil de l'Amante]~¤

Invité

Un soupir … Un Appel retentissait. Etouffé. Emanant d’une demeure ancestrale, dont les colonnes marbrées pointaient la voûte céleste, tentant ainsi de s’extirper des limbes végétales dans lesquelles elle semblait noyée. Puis, progressivement, une mélodie se distillait au travers de l’ossature des arbres.
Le Carillon des oiseaux chatouillait l’ouïe des autres créatures peuplant cet univers féerique. Eos, sur son Char Flamboyant, guidait les étalons de l’Aurore, prenant ainsi le relais de sa divine sœur, Séléné. Elle déversait la rosée sur la terre et annonçait la nouvelle Apothéose de son Frère Hélios.

¤~[L'Eveil de l'Amante]~¤ Thelongsleep9jg

Ce fut au centre de ces effluves estivales que la Langoureuse daigna s’éveiller. Ce soupir ne pouvait émaner que de sa divine personne, symbole d’une Renaissance. La Beauté Céleste ouvrait doucement ses prunelles céruléennes sur la Nature. Bercée dans un flot de soie, chastement cajolée d’un voile satiné, plissant le tissu de ses frêles mains ivoiriennes, ses lèvres aux chairs frémissantes de désir feignirent de s’entrouvrir à nouveau, libérant partiellement un soupir d’extase. L’existence divine n’était point accommodante, Aphrodite ne pouvait que s’en réjouir.

Une présence pénétra dans l’Antre de la Dame, enserrant avec une précaution à la limite de l’exagération les atours de l’Entité. La Nymphe avait perçu l’Appel de sa Maîtresse aussi s’était-elle hâtée de la rejoindre. Une seconde déboula au sein de l’Eden, un plateau d’argent dans les mains, débordant de denrées à l’intention de la Déité.

Attirée par cette soudaine effervescence, l’Amante se redressa afin d’embrasser son Havre de ses orbes inquisitrices. Ses phalanges balayèrent son large front de quelques mèches hasardeuses. Elle enchaîna ensuite avec un mouvement gracile, déposant ses pieds nus à même le sol glacé par les vestiges de la Nuit. Un frisson arpenta les courbes de son échine tandis que l’éclat de ses prunelles vacillait à cette délicieuse sensation.

Puis, l’étoffe soyeuse de ses draps glissa le long de son être, lui procurant ainsi la plus mièvre des caresses alors qu’elle affichait une parfaite nudité. Le plateau d’argent s’abaissa, alors, au niveau de sa gorge. Elle céda un regard condescendant à la Servante, puis, entre ses doigts, échoua une mûre dont elle s’empressa aussitôt de déguster.

Aphrodite se laissa ensuite conduire vers la Chaleur enivrante émergeant de ses Thermes personnels. Ses cheveux d’or et de lumière ruisselaient le long de son dos, ondulants en une cascade reluisante sous les assauts du petit Jour enfanté par l’Aurore à la Robe Safrané. Ses lèvres concupiscentes offrirent l’ébauche d’un charmant sourire aux deux jeunes filles, juste avant qu’elle ne s’enlise à l’intérieur des vapeurs émises par les eaux bouillantes du bain.

La Déité frôlera le rebord du bassin de ses agiles doigts, puis, ils vinrent considérer la température de l’eau. Satisfaite, il s’y plongera lentement. Les Dieux pouvaient attendre son arrivée. Elle n’était pas pressée de les retrouver. Peut-être l’étaient-ils ? Qu’importe … S’ils désiraient lui rendre visite, une Servante de la Nature les accueillerait.

Un géant a qui l'on avait oté la vue, l'ouïe, la parole et son anatomie masculine entrait au devant de ce lieu où la beauté et la poésie s'ennivraient mutuellement.

Dans ses mains une lettre frappée du sceau du marteau d'Héphaïstos.

Il s'avanca vers la deïté comme si juste la présence de celle ci lui permettait d'éviter tous les obstacles.

A un mètre de la Divine il tendit la main, et déplia cette lettre.

"Ma chère épouse,

C'est avec honneur que je vous confirme en premier mon réveil,

C'est avec tendresse, que je vous invite,

En tête à tête pour un diner entre époux mutuels,

C'est avec passion que j'oeuvre pour vous,

Ce soir peut être, demain, j'aimerai,

Vous voir illuminer le ciel sombre quand à mes côtés vous n'êtes pas,

Ma chère femme, acceptez je vous en prie, tant d'années de sommeil sans vous voir, tant d'envie de vous offrir toute mon affection...

Votre dévoué , Héphaïstos."

Le géant une fois la lettre lue s'en retourna, attendant à l'entrée des jardins une réponse de la belle.

Que s'était il passé pour que cet époux , il faut bien l'avouer, peu orthodoxe dans son caractère et son attrait physique, qui n'avait jamais vraiment aimé la belle, que se passait il pour que soudainement il lui fallu prendre plume pour écrire de telles mots?

Voyons, Héphaïstos est plus à l'aise avec un marteau qu'avec une plume, aurait il changé?

Il ne craint pas le regard, ce géant émmasculé et dévoué a son cher époux... il ne craint que son maître, mais le sourire qui lui illumine ce visage ne révèle pas l'état dans lequel il se trouve.

Héphaïstos vient de se réveiller, et sa première idée est de revoir sa femme... Aphrodite maîtresse des amants.... cette idée fait sourire le géant qui n'a jamais ressenti pareille beauté...

Invité

Veloutées et graciles, ainsi se personnifiaient les ondes laiteuses animant les eaux purificatrices du bain. Une Farandole de pétales carmines ornaient l’étendue limpide, distillant l’exquise fragrance d’une rose tout juste éclose. La Dame s’y relaxait, sereine et si candide qu’elle ne remarqua point la présence étrangère se faufilant à l’intérieur même de son Antre.
Ses fines phalanges telles des stylets ivoiriens esquissaient avec légèreté arabesques et rosaces en survolant la limpide surface.

Un bruit soudain viendra bouleverser le repos de la Belle. Une petite main réclamait son attention en heurtant la porte boisée des thermes.
La Déité émit un tressaillement de surprise alors qu’un de ses délicats sourcils s’haussait en formant un arc gracieux. Ne pouvait-elle savourer un instant de détente ?
Apparemment non puisque les bruits retentirent à nouveau.
Alors une enchanteresse mélopée intimera à la Nymphe qui patientait nerveusement de franchir la porte la séparant de sa Maîtresse.
La Féerique Créature s’empressera de s’incliner face à la Céleste Beauté, cette dernière lui cédant l’ébauche d’un sourire. Ses Orbes Céruléennes coulèrent sa personne, épousant les courbes juvéniles de sa silhouette.

« Pardonnez mon intrusion, Madame. Seulement, je me devais de venir vous informer qu’une des créatures de votre Divin Epoux patientait dans les Jardins. »

Héphaïstos. A la périphrase employée par sa Protégée, le délicieux faciès s’ombrageait ostensiblement. Ainsi son éveil n’était point usurpé, et l’émissaire ne pouvait être qu’un de ses Géants ou autre créature répugnante.
Une moue de dépit ébranla son visage, sa voix à la sensualité exacerbée s’éleva de nouveau à l’intention de son interlocutrice.

« Très bien, je constate donc que mon mari s’est malheureusement réveillé. T’a-t-il confié l’objet de sa visite ? »

La Belle Enfant opina de la tête alors qu’elle s’orientait vers le bassin où reposait sa Déesse, un linge arborant une précieuse étoffe entre les mains.

« Il m’a remis une lettre qui attend votre lecture dans votre chambre. Si vous me le permettez, Madame, je vais vous aider à vous préparer. »

Les jambes effilées de l’Amante se redressèrent lentement alors que la Nymphe s’avançait près du bassin. Aphrodite délaissa ainsi les eaux tièdes de son reposoir en vue de se laisser draper dans un onctueux voile de douceur. La Nymphe s’empara délicatement de la main marmoréenne si agréablement offerte. Elle conduisit la Dame face un miroir alors qu’elle lui suggérait de siéger face une console débordante de substances odorantes et colorées.

Les Boucles d’Or furent aussitôt libérées de l’oppressante lanière maroquinée. Langoureuses, elles enjôlèrent l’ineffable beauté d’un mirifique visage. La lumière auréolant une peau divinement porcelainée. Harmonie Astrale. La pâleur se teintant avec naturel d’une suavité provocatrice.
La Narcissique gratifia sa servante d’un hochement de tête. Il lui fallait revêtir ses atours désormais.
La Jeune Nymphe l’assista comme à l’accoutumée dans son entreprise. L’étoffe soyeuse glissa le long de sa peau, cajolant de sirupeuses caresses les galbes tant désirés de cette Allégorie Amoureuse.

L’Amante abandonna momentanément la jolie Créature, désireuse de lire le contenu de la lettre déposée sur sa couche à son intention.
Avec une déférence fort maniérée, elle s’acquitta sans peine de sa tâche. Elle reconnut le cachet de son époux avant que son regard ne se fondent dans les lignes qui lui étaient adressées.

« Ma chère épouse,

C'est avec honneur que je vous confirme en premier mon réveil,

C'est avec tendresse, que je vous invite,

En tête à tête pour un dîner entre époux mutuels,

C'est avec passion que j'œuvre pour vous,

Ce soir peut être, demain, j'aimerai,

Vous voir illuminer le ciel sombre quand à mes côtés vous n'êtes pas,

Ma chère femme, acceptez je vous en prie, tant d'années de sommeil sans vous voir, tant d'envie de vous offrir toute mon affection...

Votre dévoué , Héphaïstos. »

La lecture de cette invitation lui arracha un soupir de consternation. Elle n’avait pas pour habitude d’apprécier la douceur de son Mari, son inexistante beauté l’empêchant d’ailleurs de l’aimer.
Depuis le vilain tour qu’il lui avait valu un affront mémorable, les détestables sentiments qu’elle nourrissait à son égard n’avaient fait qu’empirer.
Jamais elle ne lui vouerait un amour sincère. Surtout lorsque l’on sait qui eut la délicatesse de la forcer au mariage. L’Entité Hyménée n’avait pu supporter l’éclipsante beauté d’Aphrodite.
Cependant, elle se souvint qu’un de ses Géants patientait parmi la luxuriante verdure de ses Jardins.
Une réponse devait lui être apportée. Aussi griffonna-t-elle une note brève avant que l’une de ses mains s’abaissera sur sa robe aux pudiques voilages, plissant l’un de ses pans afin de lui éviter une chute fortuite, la marche s’ensuivait, chaloupée et pourtant éolienne.
L’Allégorie se présenta au Géant, tout à la fois cordiale et crispée par tant de laideur.
Qu’elle se sentait seule en de pareils moments, aussi fugaces soient-ils.

Elle remit entre ses mains la Lettre de son époux et la sienne, le Carillon du Rossignol Printanier chatouillant l’ouïe de la Créature mutilée de ses sens.

« Très Cher Epoux,
Je vous fais donc part de ma réponse.
Sachez que j’accepte votre invitation.
J’ignore encore le jour où je viendrai à vous,
Cependant, je ne saurais être bien longue.
Lorsque je me présenterais aux portes de votre Demeure,
Vous reconnaîtrez l’Aura qui me singularise.
Très prochainement, Aphrodite. »

Elle laissera le Géant quitter le Havre aux Milles Fragrances, c’est alors que s’envoleront avec lui prémices d’une nouvelle entente ou d’une discorde à venir, qui sait ?
Seules les Moires détiennent les réponses, alors que la Dame se laissait bercer par les rayons Apolliniens.